Présence de PFAS dans l’eau potable
La question de la qualité de l’eau potable revêt une importance cruciale pour beaucoup de ménages, surtout en raison de la forte augmentation des substances telles que les PFAS. Ces substances chimiques, couramment employées dans différents secteurs industriels, peuvent parfois être présentes dans l’eau du robinet et engendrer quelques soucis liés à la santé.
Que sont les PFAS ?
Les PFAS (substances per- et polyfluoroalkylées) sont des composés chimiques synthétisés par l’homme, utilisés depuis les années 1940 en raison de leur capacité à résister à l’eau et à la chaleur. On les trouve dans des produits courants tels que les emballages alimentaires, les textiles, les mousses à incendie et diverses autres applications industrielles.
On désigne souvent ces substances comme des « polluants éternels » du fait de leur persistance environnementale sur plusieurs décennies. Une fois libérées, elles se retrouvent dans l’eau potable et leur élimination via les méthodes traditionnelles de traitement des eaux s’avère compliquée. Leur accumulation biologique au sein des êtres vivants, y compris les personnes, suscite des inquiétudes car cela peut provoquer des problèmes de santé liés à une exposition prolongée.
Les PFAS se retrouvent dans les réseaux d’eau potable essentiellement via les pratiques industrielles et l’utilisation de produits qui contiennent ces composés.
Par exemple, la pollution des nappes phréatiques et des rivières peut être causée par les eaux résiduaires des sites de production, les lixiviats issus des décharges et les agents extincteurs.
Ces polluants subsistent dans l’environnement et leur décomposition est difficile, ce qui complique considérablement leur élimination à travers les méthodes conventionnelles de purification de l’eau potable.
Par conséquent, des résidus de PFAS pourraient être présents dans l’eau du robinet, même à la suite de procédures de purification conventionnelles.
Une étude réalisée par Radio France en 2024 a révélé la détection de PFAS dans près de 43 % des 89 échantillons d’eau collectés à travers diverses régions françaises, avec des niveaux plus importants observés à proximité des zones industrielles et d’ex-bases militaires.
Quelle est la réglementation en vigueur concernant les PFAS ?
La France a intégré dans sa législation nationale la directive européenne sur l’eau potable de 2020, qui établit en particulier une limite de qualité pour 20 PFAS. Historiquement, la législation française ne stipulait aucune obligation pour leur présence dans l’eau potable.
Ainsi, depuis le 1er janvier 2023, il est impératif de considérer les PFAS dans les normes de qualité de l’eau distribuée : l’agrégation des 20 PFAS réglementés ne doit pas dépasser la limite de qualité fixée à 0,1 microgramme par litre (c’est-à-dire 0,0000001 g/L) pour que l’eau soit jugée conforme aux standards.
Actuellement, les services qui fournissent de l’eau potable (ou EDCH, eau destinée à la consommation humaine) jusqu’au robinet de l’utilisateur sont tenus de réaliser cette surveillance (source : Anses). Veolia, en collaboration avec plusieurs collectivités, les aide à établir une première évaluation de leur présence dans l’eau distribuée.
Si jamais le seuil est franchi, c’est aux Agences Régionales de Santé (ARS) qu’il revient de déterminer si des limites à la consommation d’eau sont nécessaires.
Quels changements en 2026 ?
Dès le 1er janvier 2026, les ARS seront également tenues d’inclure systématiquement les PFAS dans leurs contrôles sanitaires de l’eau distribuée. Les PFAS se trouvent en différentes concentrations dans notre environnement, que ce soit dans l’eau, l’air, les sols ou même nos aliments. Actuellement, de nombreuses recherches sont menées par des chercheurs pour déchiffrer les conséquences précises des PFAS. Certaines études indiquent que des expositions excessives à ces substances pourraient engendrer des impacts significatifs sur la santé.
L’association Pan Europe a mené une étude sur la présence de PFAS dans l’eau potable en Europe en mai 2024, à la suite de laquelle, Générations futures et UFC-Que Choisir, deux associations françaises, ont effectué leurs propres analyses sur le territoire français entre juin et septembre 2024. L’eau potable de trente municipalités métropolitaines a été examiné, présentant des spécificités variées, et les conclusions ont été dévoilées le 23 janvier dernier.
Le laboratoire Ianesco a effectué une analyse de la concentration cumulée de 20 PFAS, substances mentionnées dans la récente directive européenne et déjà surveillées par diverses agences régionales de santé (ARS) depuis le début de l’année 2023, en vue d’une mise en place généralisée de cette mesure sur l’ensemble du territoire à compter du 1er janvier 2026.
Conclusion : tous les échantillons respectent la norme et ne franchissent pas le seuil de 100 ng/L.
Une information positive que les groupements tempèrent rapidement, considérant que la norme de qualité de 100 ng/L n’est pas significative d’un point de vue scientifique.
Et l’acide trifluoroacétique ?
Un autre aspect de la campagne d’analyse menée par les deux associations concerne la recherche spécifique de l’acide trifluoroacétique ou TFA, un PFAS à courte chaîne présent dans l’environnement en raison de sa fabrication industrielle, mais aussi comme métabolite de nombreux pesticides PFAS.
En France, aucun suivi n’est effectué sur cette molécule, puisqu’elle n’appartient pas aux 20 PFAS qui sont sous surveillance.
L’autre alternative suggérée par la directive européenne aurait pu également être adoptée par la France, qui consiste « à surveiller tous les PFAS, y compris le TFA, et à instaurer une limite maximale de 500 ng/L ». Elle ne s’y est pas engagée, jugeant, à l’égal de la Commission européenne, que les méthodes d’analyse combinée de tous les PFAS manquaient de robustesse.
Néanmoins, le Haut Conseil à la santé publique, dont l’opinion a été connue du ministère de la Santé depuis juillet 2024 et rendue publique en décembre dernier, préconise d’accorder une attention particulière aux pollutions notables. « Dans les cas locaux où une contamination spécifique de l’eau est identifiée, impliquant une molécule différente de celles listées parmi les 20 PFAS, il est nécessaire de demander à l’Anses d’effectuer une évaluation de risque et d’établir une valeur sanitaire pour une gestion urgente », peut-on lire dans les recommandations.