Le Pacte vert par la Commission européenne

Contrairement à l’exécutif français, celui de l’Europe commence à s’élaborer. Ursula von der Leyen qui a été réélue Présidente de la Commission européenne en juillet 2024, a fait une présentation au Parlement de son choix de composition du collège de commissaires. Leur tâche consistera à proposer de nouvelles législations dans les cinq prochaines années, en accord avec la politique générale de la présidente. Ils se partageront ainsi 26 portefeuilles, chacun attribué à un représentant d’un État membre et plusieurs parmi eux vont jouer un rôle essentiel dans le déploiement du Pacte vert. Le Parlement européen doit encore approuver ce collège, ce qui va entraîner divers échanges avec chacun des commissaires proposés. Le 1er décembre marquera la prise de fonction officielle de cette commission.

Mise en œuvre de l’industrialisation du pacte vert

Ursula von der Leyen s’était exprimée lors de sa campagne électorale : « les années à venir seront consacrées à l’industrialisation du Pacte vert ».

La responsabilité de la « transition propre, juste et compétitive » incombera à Teresa Ribera (Espagne – S&D). Elle guidera notamment les travaux pour veiller à ce que l’Europe reste sur la bonne voie de ses objectifs énoncés dans le Pacte vert pour l’Europe. Nous devons simultanément décarboner et industrialiser notre économie. »  a déclaré Ursula von der Leyen. La prérogative de l’industrie est également confiée à Stéphane Séjourné (France – Renew) ; le représentant français sera responsable de la prospérité et de la stratégie industrielle.

Pour le député européen Pascal Canfin (France – Renew), ce sont bien ces deux commissaires qui devront poursuivre le sujet du green deal : « On réussira si cela devient une politique commerciale et économique […] Je vois ces deux portefeuilles comme étant très complémentaires et non pas en concurrence », estime-t-il.

Terry Reintke, co-présidente des Verts au Parlement européen, n’y voit que du positif : « Il faudra toutefois que les commissaires travaillent ensemble, quelle que soit leur famille politique, ce ne sera pas simple, mais c’est la meilleure approche pour maintenir le Pacte vert parmi les priorités. »

Le climat demeure constant

La décarbonation de l’industrie concerne à la fois l’énergie et le climat. Il sera donc nécessaire pour les commissaires espagnols et français de s’adapter à Dan Jørgensen (S&D), potentiel Commissaire à l’énergie et au logement.  Ses travaux vont aider à baisser les prix de l’énergie, à investir dans l’énergie propre et à garantir la réduction de nos dépendances. Ursula von der Leyen souligne qu’il sera le tout premier commissaire au logement à examiner tous les aspects, de l’efficacité énergétique à l’investissement et à la construction.

Le commissaire responsable du climat exercera également son influence, il s’agirait du néerlandais Wopke Hoekstra (PPE) ; une continuité est donc attendue sur la question.

« Il va continuer à se concentrer sur la mise en œuvre et l’adaptation, ainsi que sur la diplomatie climatique et la décarbonation. Et il sera également responsable de la fiscalité », a précisé Ursula von der Leyen. Favorable à la mise en place d’un jalon de réduction des émissions carbone à -90% pour 2040, le commissaire ne tardera sans doute pas à travailler sur le projet de directive climat promis par la présidente.

Mise en évidence de l’importance de la résilience hydrique et de l’économie circulaire

Christophe Hansen (Luxembourg – PPE) hérite du portefeuille de l’agriculture et de l’alimentation et celui des transports – auquel a été ajouté le tourisme durable – sera représenté par Apostolos de Tzitzikostas (Grèce – PPE).

Jessika Roswall (Suède – PPE) quant à elle, est pressentie pour avoir la gestion d’un portefeuille en cours de création, nommé « Environnement, résilience hydrique et économie circulaire compétitive ». Son travail sera crucial pour préserver notre environnement et inscrire la nature dans notre bilan économique. Cela va favoriser le développement d’une économie circulaire et plus compétitive. Ursula von der Leyen sera responsable des travaux sur la résilience en matière d’eau, une priorité majeure pour les années à venir. Jessika Roswall a affirmé qu’elle serait prête à travailler dur sur le sujet, mais elle devra prouver ses compétences, en particulier en ce qui concerne la biodiversité. Il est vrai que son pays n’a pas été très ambitieux dans ce domaine au sein du Conseil de l’UE, il a mis en avant son opposition au règlement de restauration de la nature. C’est un texte qu’elle va donc devoir désormais défendre et faire appliquer.

Cependant, elle ne sera pas tenue responsable des problèmes liés à l’océan qui intègrent le portefeuille de la pêche et pourraient être de la compétence de Costas Kadis (Chypre). « Je compte sur son expérience pour aider à construire un secteur résilient, compétitif et durable et présenter le premier Pacte européen pour les océans », précise la présidente de la Commission. Un regroupement bien vu par Pascal Canfin qui y voit un ensemble cohérent pour préparer le futur « Ocean deal ».  La présidente mise en effet sur la création d’un nouveau « pacte pour les océans européens », pour soutenir l’économie marine et renforcer la préservation des espaces maritimes.